Dans le jardin du Fortiniari, insérés dans des niches de calcaire disposées à intervalles réguliers, des écorchés présentaient leurs entrailles aux visiteurs. Chacun pouvait contempler ces intérieurs sanglants avec effroi ou curiosité. Les hypocondriaques étaient nombreux et se pressaient devant chaque anatomie pour y trouver le mal qui les rongeait sans fin. Des jeunes femmes tombaient subitement en catalepsie en prononçant des mots obscènes. Des dandys étaient secoués de spasmes, de rires pour cacher leur angoisse et cherchaient fébrilement la sortie. Des enfants emmenés pour leur éducation à ce spectacle jouaient sur des marelles aux noms d’organes évocateurs. Le jardin, conçu comme une succession de labyrinthes, ne laissait que peu d’espoir de trouver par déduction une issue.
Cette exposition macabre prit fin lorsque l’on découvrit que les corps exposés étaient ceux de nécrophiles qui s’étaient aventurés la nuit dans le jardin. Tout à l’excitation lubrique de leur pratique, les niches se refermaient sur eux par un mécanisme ingénieux mais impitoyable. Le jardin fut fermé, les corps affreusement mutilés transportés à la morgue pour tenter de les identifier. Des familles se pressèrent aux portes de l’institut espérant y trouver un proche disparu.
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